De retour de Van Eyck – impressions – impressionnisme.
De retour de Van Eyck – impressions – impressionnisme (aussi en anglais et en italien).
De retour du Louvre, après
avoir tenté de voir La Vierge du chancelier Rolin, récemment restaurée. Elle est
exposée dans la salle de la Chapelle, espace restreint a priori adapté pour une
toile de dimension modeste, mais que les commissaires ont entourée d’une
vingtaine d’autres peintures contemporaines, où s’amasse un foule de visiteurs,
sac au dos - le Louvre n’est pourtant pas le Mont-Blanc - téléphone au poing -
pour prendre des photos qu’ils ne regarderont pas, qu’ils oublieront peut-être,
qu’ils perdront sans doute à l’occasion d’une mise à jour de leur logiciel.
Malgré la foule, ce que je parviens à voir : intrigué par la composition de
l’œuvre, ce face-à-face entre un chancelier Rolin agenouillé, dans ses habits du
XVème siècle, les mains jointes, et cette Vierge assise, dans une robe qui
pourrait être de celles que portaient les femmes à l’an I, montrant le futur
christ posé sur son genou. L’échange de regards entre le chancelier et, non la
Vierge, mais l’enfant forme comme une barrière que notre regard franchit
pourtant, puissamment attiré par le paysage en arrière-plan, celui d’une ville
que de nombreux chauvinismes locaux s’attribuent, paraît-il, mais qu’importe.
Cette puissance, je l’attribue à une maitrise imparfaite de la perspective,
imperfection qui en fait tout l’intérêt car elle donne à l’ensemble une
impression de flottement et d’attraction.
Mais la foule me presse et m’oppresse.
Je quitte la salle et sors à mon tour mon smartphone - pour savoir ce qui disent
les sachants de cette question de perspective. Le Louvre évoque, en effet, une
zone de fuite, et non un point de fuite tel qu’Alberti en fera sa théorie en
1536, soit quelques mois après la composition de La Vierge. Me voilà rassuré.
Puis je vais consulter la notice Wikipedia. En commentaire à la reproduction du tableau, il est bien dit que la perspective est imparfaite. Parfait ! Mais
dans le corps du texte, il est dit l’inverse. Me voilà amusé. Au point de
retourner dans la salle de la Chapelle, ressentir de nouveau cette impression
d’attraction du regard. La foule est plus compacte encore. Sacs à main, sacs à
dos, téléphones qui heureusement ne crépitent pas. Je renonce.
Une personne
disparaît derrière un mur : je la suis. Je découvre alors en ce lieu retranché
la vidéo qui permet de voir La Vierge en tous ses détails, moins des personnages
principaux que de l’arrière-plan : c’est tout son intérêt. Car, stupeur ! on se
croit dans un magistral tableau impressionniste. J’ai là, sous les yeux, la
véritable démonstration de ce que je pense de ce mouvement depuis longtemps. Je
vois là ce que Monet, Manet, Sisley, Pissaro et leurs potes petits-bourgeois,
rêvant d’être admis au Salon officiel, vivant des pensions de leurs
papas ou de quelques commandes de bourgeois qu’ils se plaisent pourtant à
ridiculiser, ont prétendu inventer par un geste qu’ils disent être
révolutionnaire. Parce qu’ils se libèrent des règles de la peinture classique.
Parce que peindre la lumière et la couleur, il n’y a que ça de vrai. Parce que
peindre dehors, voilà un acte transcendant, ajoutent-ils sans rire.
Loin de moi
de dire qu’ils faisaient de la mauvaise peinture. Ce que je leur reproche, c’est
leur coté prétentieux, et surtout leur inculture. Sans remonter à la peinture
flamande du XVème siècle, ils auraient pu reconnaître que Constable (dont je
n’ai trouvé aucune référence chez les Impressionnistes), n’était pas qu’un
paysagiste parmi d’autres ; que Turner était leur véritable maître. Au lieu de
quoi, Monet ne trouva rien d’autre à dire que Turner savait peindre les yeux
ouverts, réflexion d’un vide abyssal. Et Matisse qui en rajoute : Turner a assuré la transition entre la tradition et l’impressionnisme. Pardon…
pouvez-vous répéter ? Quand notre bande de plus ou moins gais lurons sortaient,
mais par beau temps, principalement l’été, rarement l’hiver, dans les environs
de la maison de campagne familiale, le cul posé sur leur petite chaise pliante
en toile, Turner, lui, se faisait (parait-il) attacher au mat d’un navire (de mer, donc) en
pleine tempête, se penchait par la fenêtre d’un train lancé à pleine vitesse,
grimpait les montagnes suisses dans les tourbillons de neige. Ah ! mais Turner
ne peignait pas dehors, il attendait d’être de retour dans son atelier, remarquent-ils. Oui, mais pour peindre les impressions qu’il avait ressenties lors de ces incursions
téméraires, impressions dans lesquelles lumière et couleurs se confondent. Et en
se fondant sur la tradition, il annonçait l’abstraction.
Turner, Tempête de neige en mer (1842)
Turner, Pluie, Vapeur et Vitesse – Le Grand Chemin de fer de l'Ouest, (1844)
Turner, Val d'Aoste (1845)
Entre un Van Eyck impressionniste avant l’heure et un Turner impressionniste jusqu’à
l’abstraction, nos Impressionnistes français (franchouillards ?) ne seraient-ils
que des peintres le cul pris entre deux petites chaises pliables en toile, un monde d'avant, un monde d'après ?
P.S.
: 1874, date de naissance officielle de l’Impressionnisme et aussi date
officielle de naissance du Japonisme, mode officiellement née en France. J’ai
évoqué les liens entre Japonisme et Impressionnisme dans La Femme sans prénom.
Disponible ici à un prix ridiculement bas, alors pourquoi hésiter ?
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Return of
Van Eyck – impressions – impressionism.
Back from the Louvre, after having tried to see The
Virgin of Chancellor Rolin, recently restored. It is exhibited in the Chapel
room, a small space a priori suitable for a modest-sized canvas, but which the
curators have surrounded by around twenty other contemporary paintings, where a
crowd of visitors gather, with backpacks - the Louvre is not, however, the Mont
Blanc - phone in hand - to take photos that they will not look at, that they
will perhaps forget, that they will undoubtedly loose at the next update their
software.
Despite the crowd, what I manage to see: intrigued by the composition
of the work, this face-to-face between a kneeling Chancellor Rolin, in his 15th
century clothes, his hands clasped, and this seated Virgin, in a dress which
could be one worn by women in Year I, showing the future Christ resting on her
knee. The exchange of glances between the chancellor and not the Virgin but the
child forms a barrier that our gaze nevertheless crosses, powerfully attracted
by the landscape in the background, that of a city that many local chauvinisms
attribute to themselves, it seems, but that doesn't matter. I attribute this
power to an imperfect mastery of perspective, an imperfection which makes it so
interesting as it gives the whole thing an impression of floating and
attraction.
But the crowd presses me and oppresses me. I leave the room and take
out my smartphone to find out what those who know say about this question of
perspective. The Louvre evokes, in fact, a zone of escape, and not a vanishing
point such as Alberti made his theory in 1536, a few months after the
composition of The Virgin. Here I am reassured. Then I'll consult the Wikipedia
entry. In commenting on the reproduction of The Virgin, it is clearly said that
the perspective is imperfect. Perfect ! But in the body of the text, the
opposite is said. Here I am amused. To the point of returning to the Chapel
room, feeling again this impression of attraction of the gaze. The crowd is even
more compact. Handbags, backpacks, phones which fortunately do not crackle. I
give up.
Somebody disappears behind a wall: I follow him. I then discover in
this secluded place the video which allows us to see The Virgin in all its
details, less of the main characters than of the background: that is its whole
interest. Because, amazement! we are in a masterful impressionist painting. I
have here, before my eyes, the true demonstration of what I have thought about
this movement for a long time. I see there what Monet, Manet, Sisley, Pissaro
and their petty-bourgeois friends, dreaming of being admitted to the Official
Salon, living off their dad's pensions or a few bourgeois commissions that they
nevertheless take pleasure in ridiculing, claimed to invent a gesture that they
say was revolutionary. Because they free themselves from the rules of classical
painting. Because painting light and color is the only thing that’s true.
Because painting outside is a transcendent act, do they add without laughing.
Far be it from me to say that they did bad painting. What I criticize them for
is their pretentious side, and above all their lack of culture. Without going
back to Flemish painting of the 15th century, they could have recognized that
Constable (of whom I found no reference among the impressionists), was not just
a landscape painter among others; that Turner was their true master. Instead,
Monet found nothing more to say than that Turner knew how to paint with his eyes
open, a thought of an abyssal void. And Matisse who adds: Turner has ensured the transition between Tradition and Impressionism. Sorry… can you
repeat? When this group of more or less happy guys went out, but in good weather,
mainly summer, rarely winter, in the vicinity of the family country house, their
asses resting on their little canvas folding chair, Turner, he, was tied to the
mast of a ship (at sea, therefore) in the middle of a storm, leaned out of the
window of a train going at full speed, climbed the Swiss mountains in whirlwinds
of snow. Ah! but Turner did not paint outside, he waited until he was back in
his studio, do they dare. Yes, but to paint the impressions he had felt during these reckless
forays, impressions in which light and colors merge. And by basing himself on Tradition, he announced Abstraction.
Turner - Rain, Steam and Speed – The Great Western Railway (1844)
Between Van Eyck, an impressionist before
his time, and Turner, an impressionist to the point of abstraction, are our
French Impressionists (franchouillards?) just painters with their ass caught
between two small foldable canvas chairs, a world before, a world after?
P.S.: 1874, official birth date of
Impressionism and also official birth date of Japonism, a fashion officially
born in France. I mentioned the links between Japonism and Impressionism in La
femme sans prénom. Available here at a ridiculously low price, so why hesitate?
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Ritorno di Van Eyck – impressioni – Impressionismo.
Di ritorno dal Louvre, dopo
aver cercato di vedere La Vergine del Cancelliere Rolin, recentemente
restaurata. È esposta nella Sala della Cappella, uno spazio piccolo adattato a priori a una tela di modeste dimensioni, ma che i curatori hanno circondato da
una ventina di altri dipinti contemporanei dove si amassa una folla di
visitatori con gli zaini in spalla - il Louvre non è, però, il Monte Bianco -
telefono in mano - per scattare foto che non guarderanno, che forse
dimenticheranno, che senza dubbio perderanno quando aggiorneranno il loro
dispositivo.
Nonostante la folla, ecco quello che riesco a vedere: incuriosito dalla composizione dell'opera, questo faccia a faccia tra il Cancelliere Rolin inginocchiato, nei suoi abiti quattrocenteschi, con le mani giunte, e questa Vergine seduta, in un abito che potrebbe essere quello indossato dalle donne nel anno I, mostrando il futuro Cristo appoggiato sulle sue ginocchia. Lo scambio di sguardi tra il cancelliere e il bambino piuttosto che con la Vergine costituisce una barriera che il nostro sguardo tuttavia oltrepassa, fortemente attratto dal paesaggio sullo sfondo, quello di una città che molti sciovinismi locali si attribuiscono, sembra, ma che non importa. Attribuisco questo potere a un'imperfetta padronanza della prospettiva, imperfezione che lo rende così interessante perché dà all'insieme un'impressione di fluttuazione e attrazione.
Ma la folla mi preme e mi opprime. Esco dalla stanza e tiro fuori lo
smartphone per sapere cosa dicono gli esperti ai lavori su questa questione di
prospettiva. Il Louvre evoca, infatti, una zona di fuga, e non un punto di fuga
come teorizzò Alberti nel 1536, pochi mesi dopo la composizione della Vergine.
Qui mi sento rassicurato. Poi consulterò Wikipedia. Nel commentare sotto la riproduzione della Vergine si dice chiaramente che la prospettiva è imperfetta.
Perfetto ! Ma nel corpo del testo si dice il contrario. Qui mi diverto. Al punto
da ritornare nella sala della Cappella, sentendo ancora questa impressione di
attrazione dello sguardo. La folla è ancora più compatta. Borse, zaini,
cellulari che per fortuna non crepitano. Mi arrendo.
Una persona scompare dietro
un muro: la seguo. Scopro poi in questo luogo appartato il video che ci permette
di vedere La Vergine in tutti i suoi dettagli, soprattutto quelli dello sfondo : qui sta tutto il suo interesse. Perché, stupore! crediamo di
trovarci in un magistrale dipinto impressionista. Ho qui, davanti ai miei occhi,
la vera dimostrazione di ciò che penso da tempo riguardo a questo movimento. Noto lì che Monet, Manet, Sisley, Pissaro e i loro amici piccolo-borghesi,
sognando di essere ammessi al Salon Ufficiale, vivendo delle pensioni del papà o
di qualche commissione borghese che tuttavia si divertono a ridicolizzare,
pretendevano di inventare un gesto che dicono fosse rivoluzionario. Perché si
liberano dalle regole della pittura classica. Perché dipingere la luce e il
colore è l’unica cosa vera. Perché dipingere all'aperto è un atto trascendente,
aggiungono senza ridere.
Lungi da me dire che dipingessero male. Quello che critico è il loro lato pretenzioso e soprattutto la loro mancanza di cultura.
Senza risalire alla pittura fiamminga del XV secolo, avrebbero potuto
riconoscere che Constable (di cui non ho trovato alcun riferimento tra gli
impressionisti), non era che un paesaggista tra gli altri; che Turner era il
loro vero maestro. Monet invece non trovò altro da dire se non che Turner sapeva
dipingere con gli occhi aperti, riflesso di un vuoto abissale. E Matisse che
aggiunge: Turner ha assicurato la transizione tra Tradizione e Impressionismo. Scusa... puoi ripetere? Quando il nostro gruppo di ragazzi più o
meno allegri usciva, ma con il bel tempo, soprattutto estate, raramente inverno,
nei pressi della casa di campagna dei genitori, con il sedere appoggiato sulla
poltroncina pieghevole di tela, lui, Turner, era legato all'albero maestro di una
nave (in mare, dunque) nel mezzo di una tempesta, affacciato al finestrino di un
treno che correva a tutta velocità, scalava le montagne svizzere in turbini di
neve. Ah! ma Turner non dipingeva all'aperto, aspettava di tornare nel suo
studio. Sì, per dipingere le impressioni che aveva provato durante queste
spericolate incursioni, impressioni in cui luce e colori si fondono. E basandosi
sulla tradizione, annuncia l'astrazione.
Turner - Snow Storm: Steam-Boat off a Harbour's Mouth (1842)
Tra un Van Eyck, impressionista ante
litteram, e un Turner, impressionista fino all'astrazione, i nostri
impressionisti francesi (franchouillards?) sono forse solo pittori con il culo
intrappolato tra due seggioline pieghevoli di tela, un mondo prima, un mondo dopo?
P.S.: 1874, data di nascita
ufficiale dell'Impressionismo e anche data di nascita ufficiale del Giapponismo,
moda nata ufficialmente in Francia. Ho accennato ai legami tra Giapponismo e Impressionismo in La femme sans prénom. Disponibile qui ad un prezzo
ridicolmente basso, quindi perché esitare?
Copyright Nicola Migliori pour la traduction italienne



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